Atelier Prospective : Vivre les Impacts du Changement Climatique sur la Supply Chain pour construire un futur désirable
« Le cerveau humain a besoin de savoir de quoi l’avenir sera fait » nous dit Sébastien Bohler, or la conviction du groupe de travail prospective est que le futur se construit ! Ils ont donc œuvré pour sensibiliser et embarquer un maximum d’acteurs de la Supply Chain afin de bâtir des scénarios désirables et des stratégies d’adaptation des Supply Chains aux risques climatiques. Retour sur le premier livrable du chantier après un an de travaux collectifs : l’atelier des périls.
Le chantier prospective :
Les signaux faibles sont déjà présents en 2024, comme le montrent de nombreux articles de presse. En 2040, gérer les impacts du changement climatique sera notre quotidien.
Comment s’adapter aux nouvelles attentes, aux réglementations et au changement climatique ? Quelles stratégies d’adaptation les entreprises doivent-elles construire, dès aujourd’hui ? Les actions amorcées par les entreprises sont-elles suffisantes et réalistes ?
L’essentiel des efforts liés au climat se focalise sur la décarbonation du transport, or d’autres éléments liés au changement climatique impactent déjà les Supply Chains de façon marginale, mais ils deviendront plus prégnants dans le futur, il faut les considérer dès maintenant pour transformer les entreprises.
Les participants à l’atelier de restitution.
L’atelier de design fiction :
Un groupe passionné guidé par Aurélie Delemarle, Principal chez Argon&Co s’est donc lancé dans une année de travail collectif suivant des choix méthodologiques structurants :
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Périmètre de l’étude : les 6 périls plutôt que les 9 limites planétaires. En effet, les périls peuvent être expérimentés et font appel aux émotions. De plus, ils permettent de prendre en considération toutes les catégories de la taxonomie européenne, à savoir :
- la hausse des températures ;
- l’augmentation des tempêtes violentes ;
- la perte de biodiversité ;
- les inondations ;
- la montée des eaux ;
- le stress hydrique.
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Scénarii d’impacts plutôt que de transition ou de changement climatique : l’étude s’intéresse aux impacts directs ou indirects sur les 4 fonctions essentielles de la Supply Chain (demande, approvisionnements, production et distribution logistique).
Les résultats de ces travaux seront publiés au cours de l’année (Livrable péril, PESTELs, Nouveaux Récits, 1 ou 2 articles scientifiques). Le premier d’entre eux a fait l’objet d’un test grandeur nature avec les membres du Lab SupplyChain4Good.
Le premier livrable du groupe a pris la forme d’un atelier de prospective de 3 h par design fiction. Ce parti pris s’explique par la capacité à embarquer les participants dans l’histoire, à leur faire vivre et donc mieux mesurer les impacts du changement climatique.
Les artefacts du péril sur la biodiversité
Cette approche immersive a séduit, renforçant l’engagement à passer à l’action.
Les participants ont à leur disposition une mallette de jeu regroupant des artefacts (objets tout droits venus de 2040) et une note explicative à destination des animateurs, avec notamment le contexte du scénario synthétisé via un PESTEL.
La biodiversité :
Voici un enjeu qui tenait à cœur à certains des participants, en effet on parle bien plus souvent de la hausse des températures par exemple que de la biodiversité. « On est sur un sujet de footprint de la Supply », nous raconte Tariel Chamerois, CSR & Sustainability Manager France & Morocco pour DB Schenker dans un contexte où les entreprises sont dans l’obligation de réduire des sites de production, en l’occurrence éoliens, parce qu’ils sont sur une zone de migration d’oiseaux.
Cet atelier dit du « péril biodiversité » donne l’enjeu de la limitation des accès aux fonciers, avec des zones sanctuarisées où l’on ne pourra plus s’implanter.
Puis évidemment ce thème ouvre la question de la budgétisation et de l’impact sur les prix. Comment valorise-t-on la biodiversité ? Quel est le prix du poisson ? Quel est le prix des oiseaux ? La biodiversité fournit tout un tas de ressources et/ou de services écosystémiques qui sont aujourd’hui gratuits ou considérés comme tels et donc l’idée première serait de la réintégrer dans les budgets futurs.
Aujourd’hui pas de valeur, le groupe du jour conclut donc que le cadre réglementaire doit et va évoluer.
Si l’on reprend le cas de la pêche, aujourd’hui ce qu’on compte dans le prix de la vente du poisson, c’est uniquement l’énergie et les ressources humaines qu’il a fallu pour aller pêcher le poisson, mais pas du tout la ressource poisson qui elle est gratuite une fois qu’elle est prise. Demain, peut-être qu’il va falloir considérer le fait de la régénérer comme c’est aujourd’hui très bien fait par le modèle FSC par exemple (plantation d’arbres en contrepartie de ceux prélevés).
Pénélope Laigo, Sustainability & QHSE Group Director chez FM Logistic
Enfin, un autre impact pressenti : le devoir de concevoir des Supply Chains biodiversity friendly. C’est-à-dire des business modèles, des bâtiments, des flux et solutions qui tiennent compte dès le départ des potentiels impacts sur la biodiversité et donc comment, les éviter voire avoir des impacts positifs, régénératifs.
Il est impératif pour les entreprises de développer des stratégies proactives et intégratives qui tiennent compte de tous les aspects du changement climatique, incluant les impacts sur la biodiversité. Cela nécessite de repenser les modèles économiques, les infrastructures et les processus de manière à minimiser les impacts négatifs et à promouvoir des pratiques régénératives. L’engagement collectif et l’innovation seront essentiels pour transformer les Supply Chains et assurer leur résilience face aux défis climatiques à venir.
France Supply Chain et l’AIRL-SCM lancent la 3e édition du Prix du Meilleur Article en Supply Chain Durable.